Laurent Jardin répond à mes questions!
Aujourd'hui je vous propose l'interview de Laurent Jardin, non pas en tant qu'auteur mais en tant que traducteur! Je trouve que ça change un peu des interviews auteur et ça permet d'en apprendre plus sur le métier de traducteur, je ne m'attarde pas trop, et donne la parole à Laurent.
@Stellicides
▪️ Bonjour Laurent, peux-tu te présenter?
Bonjour, je m'appelle Laurent Jardin, j'ai 35 ans et je vis en Haute-Savoie avec ma femme et nos deux enfants. Je travaille dans la traduction depuis une dizaine d'années et je mène en parallèle une activité d'auteur amateur.
Je
n'ai jamais "voulu" devenir traducteur, c'est une
opportunité qui s'est présentée à un moment de ma vie
professionnelle. Je travaillais comme testeur de jeux vidéo chez
Electronic Arts, à Lyon, et au bout de deux ans mon service a été
délocalisé à Madrid. J'aurais pu partir là-bas mais ça ne
m'intéressait pas pour diverses raisons. J'ai passé un entretien
pour un poste à Lyon, je n'ai pas été retenu mais la personne qui
m'a fait passer l'entretien a pensé que je pouvais faire un bon
traducteur car je lui avais dit que j'aimais écrire... Et c'est
comme ça que je me suis lancé.
Non
:) J'ai fait lettres modernes à la fac puis journalisme... disons
qu'il y avait un rapport très lointain, mais c'est mon expérience
comme testeur sur les versions françaises des jeux qui m'a servi
pour me lancer dans la traduction.
Oui,
l'important est surtout le niveau dans la langue cible. Pour être
honnête je n'ai pas un niveau d'anglais parfait mais l'important est
de rendre un texte nickel. Après la connaissance du sujet est un
gros plus : comme je connais bien les jeux, je peux parfois combler
des lacunes d'anglais grâce à cette connaissance.
De
l'anglais vers le français.
J'ai
fait beaucoup de traduction de jeux vidéo : selon les jeux, je
traduis les dialogues audio, les textes écran, les éléments
annexes comme les sites Internet, les communiqués de presse... J'ai
aussi traduit deux livres et tous les mois je travaille sur la
version française du magazine Game Informer.
▪️ Puisque
tu as traduis 2 livres, qu'est-ce qui est le plus compliqué à
traduire entre un jeu-vidéo et un livre ?
Je
dirais plus facile puisque avec un livre, tu as l'ensemble dès le
début, donc si quelque chose te semble obscure, tu peux toujours
essayer de déduire par rapport au reste. les deadlines sont souvent
plus larges aussi. Avec les JV, c'est un peu au jour le jour, les
textes sont "découpés" et on manque parfois de contexte
et les développeurs ne répondent pas toujours rapidement... Mais
avec un livre, il faut soigner davantage le style pour que la lecture
soit fluide et pour faire oublier au lecteur qu'il lit un texte
traduit.
Ca
dépend vraiment du projet... il y a des jeux qui sont très ennuyeux
à traduire et d'autres où tu as de quoi t'amuser un peu... pareil
pour les livres je pense, si tu n'aimes pas le livre en tant que
lecteur, j'imagine que la traduction ne va pas être une partie de
plaisir.
C'est
pas tant le niveau de langue mais plus les sujets concernés... par
exemple sur Game Informer, c'est un magazine américain donc qui
parle pas mal de jeux typiquement US, comme les jeux de foot US,
baseball, hockey sur glace... et alors là, bonjour pour comprendre
le texte anglais ^^ Après
il faut bien avouer que dans les jeux vidéo, on tombe rarement sur
de la grande littérature!
Il
y a les anecdotes qui doivent arriver à beaucoup de traducteurs :
quand on bosse sur des dialogues audio, qui vont être doublés, il
faut respecter le nombre de syllabes de l'anglais pour le texte
français... donc quand tu fais ça des jours, tu n'arrêtes pas de
compter les syllabes dans ta tête... et une fois, en regardant une
série télé doublée en français, je me suis rendu compte que je
comptais inconsciemment les syllabes sur les lèvres des acteurs,
pour voir si ça correspondait avec les dialogues français...
Après
il y a les recherches documentaires que tu fais, qui t'amènent
parfois sur des trucs vraiment bizarres... dans le jeu "Alice :
Retour au pays de la folie", il y avait un dialogue qui faisait
référence aux centaures, et j'avais l'impression que ça renvoyait
à un truc précis dans la mythologie... donc j'ai fait des
recherches et je suis tombé sur une page Wikipédia sur... la
sexualité des centaures.
Je
ressortirais cette phrase que m'avait sortie ma prof de français au
lycée : "traduire c'est trahir"
Je
pense qu'il ne faut pas hésiter à trahir un peu le texte original
parfois, si ça sert la cause d'une bonne version traduite, sachant
que de toute façon, il n'y a pas de traduction parfaite.
Je remercie Laurent pour avoir répondu à toutes mes questions, j'espère que cette interviews vous aura plu! La prochaine sur le blog sera une interview auteur!
J'ai adoré cette interview, elle est super intéressante. Et l'anecdote sur les syllabes m'a bien fait rire :) 👌
RépondreSupprimerJ'en suis ravie ^^ On parle peu des traducteurs ^^
SupprimerC'est super intéressant, je trouve ! Cela permet d'un peu plus comprendre le métier de traducteur et comment cela se passe :)
RépondreSupprimerJe suis contente que ça te plaise ^^
SupprimerTres bel article ! On découvre un univers...
RépondreSupprimerMerci :)
SupprimerNice post thanks forr sharing
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